samedi 23 mai 2009

Bruno ETIENNE

Pour ceux qui connaissent : un bon résumé / aperçu de l'homme et de sa pensée.

http://canalc2.u-strasbg.fr/video.asp?idvideo=2664

jeudi 21 mai 2009

Précisions sur le texte qui suit

Le colloque dont parle B. LAHIRE est une réunion d'intellectuels, médiatiques, écrivains, dans un cadre un peu mondain, la description qui en est faite met en exergue certains traits marquants qui poussent le lecteur à disqualifier les personnes présentes à ce colloque (colloque parisien, où tous se connaissent et ont pour point commun la même superficialité aux yeux du narrateur...).

La conclusion est que la critique sociologique ne souffre pas l'orgueil et la prétention de l'observateur pseudo démystifiant. Au contraire, elle demande une humilité de tous les instants, une ascèse et une discipline capable de refréner les instincts de la hyène et les bas sentiments (colère, envie, frustration, jalousie). ces derniers entraînent trop facilement sur le terrain de la disqualification "défoulante", certes, mais stérile et contre productive.

Ascèse, herméneutique et tripalium comme dirait l'autre (Bruno ETIENNE)

Excellente et élégante analyse

..."Quand on éprouve, comme c’est mon cas, infiniment plus de sympathie pour l’œuvre de Pierre Bourdieu que pour celles des personnes présentes à ce colloque, on aimerait ne pas voir disqualifiée cette œuvre avec des procédés identiques à ceux employés pour critiquer ses adversaires (comme j’ai commencé à en montrer la possibilité). Il me semble qu’il faudrait donc, en matière de critique, aller plus directement au cœur des choses, ce qui signifie : 1) dire que le problème fondamental réside dans le fait que l’on est en profond désaccord avec les idées sur la littérature et les conceptions du travail intellectuel et du monde social que développent les participants au colloque et 2) contre-argumenter systématiquement en déployant le plus explicitement possible ses propres conceptions. Ce qu’il ne faudrait en revanche pas laisser penser, c’est que le différend pourrait être lié au fait que les intervenants sont parisiens, qu’ils se connaissent tous et se citent mutuellement en utilisant leurs prénoms, qu’ils participent par ailleurs à des entreprises (éditoriales, universitaires) communes ou qu’ils organisent des cocktails (« exquis » ou non).Est-ce que mettre au jour les liens institutionnels entre des individus, éclairer leurs intérêts et leurs stratégies ou dévoiler l’entre-soi et les connivences disqualifie nécessairement ces individus, leurs activités et leur vision du monde ? Il me paraît évident que non, dans la mesure où ce type de vérité peut s’établir indépendamment de la nature des activités, des visions du monde et des individus en question. Et il serait tout à fait irréaliste de penser que la vie intellectuelle ou scientifique – quels que soient la qualité et le degré de vertu des acteurs qui y participent – pourrait s’organiser autrement qu’avec des solidarités, des affinités/complicités théoriques, des préférences intellectuelles, des collaborations qui amènent à citer positivement davantage ceux que l’on préfère que ceux que l’on déteste (ce qui me paraît à peu près aller de soi), etc. Et c’est pourtant sur cette confusion de l’objectivation (partielle) et de la dénonciation (disqualification) que repose une grande partie des effets d’un texte comme celui que nous venons d’évoquer, comme de bien d’autres du même genre. Plus la sociologie se fonde sur un combat (quelle que soit sa justesse) politique et social, plus elle prend le risque de glisser de l’objectivation à la dénonciation (ou à l’insulte déguisée, euphémisée) ou, pire encore, de faire passer une disqualification pour une objectivation scientifique. Ni la sociologie, ni la critique sociale ou politique n’ont à gagner à de telles confusions."
Par Bernard Lahire in Objectivation sociologique, critique sociale et disqualification on mouvements.info